-Article écrit en juillet 2019, publié beaucoup plus tard-
On a beau parler d’un monde globalisé, la capitale de l’Europe -et collatéralement la Belgique dans son ensemble- représente un territoire difficile à appréhender pour certains gros joueurs internationaux.
On entend parfois que le pays est un formidable laboratoire de par son multilinguisme ses clivages culturels forts (dignes des plus grandes fictions d’heroic-fantasy… vous savez les Hobbit wallons désintéressés au sud, les arrogants elfes flamands du nord, les discrets et rares Ents sylvestres germanophones parqués dans les réserves de l’est…). Toujours-est il que les Starbucks et autres Burger King’s ont joué les frileuses en bord de piscine pendant des décennies avant de considérer -ou reconsidérer- plonger dans les eaux territoriales belges. Pour preuve, cet article du soir titrant en 2017 “Burger King met fin à l’anomalie belge” et détaille “la Belgique était le seul pays d’Europe de l’Ouest où l’enseigne américaine n’était pas présente”. Ça ne rigole pas.
Depuis quelques années donc, on corrige le tir. Et cette fois c’est la chaîne Five Guys qui est venue planter son drapeau dans un centre commercial du cœur de Bruxelles en juillet dernier. Je ne bosse pas loin j’allais certainement passer me faire une idée un de ces quatre midis. Détail qui tue, Les petits publicitaires de chez Five Guys ont réussi le même tour de passe-passe que Burger King un an plus tôt : me mettre au courant de la date d’ouverture, et -c’est vraiment fort- dégager une belle plage de pause midi entre mes réunions ce jour-là.
Il ne me faut pas longtemps pour convaincre mon collègue en plein questionnement vegan de se joindre à moi. En fait y repensant c’est scandaleux: les mots “Le Five Guys ouvre aujourd’hui, on va voir?” Ont suffit a le détourner du chemin du sandwich corner du mess du boulot.
Alors une fois sur place, c’est une petite usine: trois caisses sont ouvertes, derrière une longue file unique. Le personnel cogne les uns dans les autres, on attend parfois devant une caisse pas tout à fait prête à prendre la commande, sans trop savoir pourquoi. Près de 20 minutes sont nécessaire pour commander notre menu.
Heureusement, pour patienter, il y a des cacahuètes. Les déchets s’entassent, des serveurs tentent tant bien que mal de les ramasser. Est-ce parce que la clientèle n’est pas habituée ou juste le principe? En tout cas tout le monde en fout partout.
Pour le burger, c’est bien : Il y a du choix dans les condiments. Le ticket, par contre ne manque pas de sel: 20 euro pour mon menu avec les frites: ça a intérêt à être spécial.
Malheureusement, une fois la caisse derrière nous, il faut encore patienter de longues minutes dans la zone d’attente. Il y a des cacahuètes, mais au bout de quatre poignées, on en a plus envie. Au moins on peut remplir le gobelet pour patienter, et observer les petites fourmis employées s’affairent et s’entrechoquent dans une cuisine volontairement ouverte et propres. Tout le monde est concentré, ça sent la bonne viande cuite au grill, mais un peu le stress, dans un bordel bruyant et pas très joyeux. Une visite ultérieure me confirmera que l’organisation n’est pas la marque de fabrique locale, car même après le rush de la nouveauté, il fallait s’armer de patience plus qu’ailleurs.
Il faudra au final un peu moins d’une demi heure pour s’asseoir et déguster nos burgers. Alors est-ce qu’ils en valent la peine? C’est semble-t-il frais et de qualité, le gout est présent et ils sont de belle taille. Les frites sont redoutablement assaisonnées (trop ?). Néanmoins, viande à part (et encore?), la différence de standing est relativement faible comparée à ce qu’on trouve chez le voisin Burger King, pour un ticket 50% plus cher.
Les Five Guys (qui étaient beaucoup plus) n’ont pas réussi à me convertir. Mon ami presque végan non plus, lui aussi déçu du tarif surfait. Il commentera pourtant que “Un bon burger, c’est quand même bon”.